Tu dors, petite sœur ? Toi qui roupilles paisiblement et de tout ton saoul Dans cet étrange et intrigant lit ouaté Je vois un couple d’hirondelles Déposer ton âme sur un perchoir d’ivoire
Tu dors, petit ange ? Tu rayonnes comme l’arc-en-ciel en plein ciel On dit que là-haut dans ton éden azuré Personne ne meurt, ni ne souffre Et que tout est silence et beauté Tout est blancheur et pureté Comme une nuée d’oies blanches en mai Une volée de bruants des neiges en décembre
Tu dors, petite fée ? Est-ce bien vrai tout ce que l’on dit De ton paradis doré ? Que tout est somptuosité et éternité Tout est tendresse et douceur Comme le sourire de la personne aimée Le baiser de l’être aimé ?
Tu dors, petite dame ? Toi qui roupilles paisiblement et de tout ton saoul Emmitouflée dans ce cercueil blanc Moi qui me réjouis de te savoir heureuse là-haut Parmi la parade des oiseaux La danse des anges La valse des étoiles Et les levers de lune… Tu dors, petite sœur ?
(À Lucie, ma petite sœur décédée à l’âge de Cinq semaines le 2 mars 1959)