Je rejoins le matin et sa brume légère Les mots vacillants ivres, les pleurs séchés des heures La nostalgie silencieuse figée dans ses trompeuses douleurs Serais-je l’unique invisible sur une mer coton ?
J’avance, je recule, j’entre dans l’inconnu En tâtonnant dans le brouillard épais… Des âmes me détiennent, des autres me délivrent Des cris creusent le mur, l’écho revient muet…
Sans repère Galiléen à venir, je me tiens aux fils De tes regards perdus dans l’instabilité de mon âme Où résident le doux et l’amer mêlés aux eaux du blâme Qui enfument l’horizon de vapeurs indifférentes, immobiles
Sur les lèvres fanées de ma patience qui s’achève J’aurai aimé déposer un baiser lumineux Et donner à mon Hiver ce frisson fiévreux D'un Printemps éperdu de perle de rosées de tes yeux
Et j’aurai voulu croire qu’aux heures clandestines J’irai volontiers avec toi au-delà des collines Et ainsi sans mot, contempler l’eau qui se perd aux marais Là-bas, tout loin, où tous les jours le soleil disparaît
J’aurai désiré, à mon cœur, donner un rendez-vous illusoire Pour que tu me laisses par affection sculpter ton visage Pour que durant les jours ou je me tiendrais loin de toi Ce souvenir me permettra de patienter bien sage
Et j’aurai encore désiré imaginer ta silhouette élancée M’attacher avec délicatesse à ses contours estompés Mais dans les engelures des pensées inquiètes, des nuits J’ai simplement compris qu’elle serait à jamais endormie
Je me regarde dans le miroir avant de pleurer ton âme Je ne vois qu'une gamine qui laisse échapper quelques larmes Ainsi que son envie de manier le verbe avec désinvolture Pourvu que ne s’éteignent ses rimes et tes murmures…