Le temps, cet assassin, qui me fait t’oublier T’envoyer à demain, report sine die, Ratisse ma mémoire, anéantit les peines Rires et déboires au crible de son peigne.
Les pauvres souvenirs, autrefois entêtants S’émoussent sous la coupe du passage du temps. Ta peau, ce doux miroir, s’élime et les minutes Parviennent à faire accroire à la fin de la lutte.
Il en aura fallu des fleurs de printemps Des astres et des lunes pour calmer les ardeurs, Tout ce qui peut guérir, ce sont elles, les heures.
Il en aura fallu des hivers et des nuits Qui couvrent ton absence et l’indicible ennui Dont l’âme de ma chambre demeure encore emplie.