Dans ce pré tant d’hommes ont hier soir rendu l’âme, Fils, maris ou pères, tous simples porte-lames, Au coude à coude, galvanisés par la peur, Dans la cohue grise, les cris et la fureur.
Ce matin les corbeaux croassent dans la brume, Survolent des landes qui toujours se consument ; Nulle mêlée sanglante percée de clameurs, Exultations démentes, feu, fougue et ferveur !
Le brouillard dense qui pénètre les poumons A l’odeur rance des morts de tous horizons ; C’est un lourd nuage infâme de puanteur, Qui sourd de ce vallon décrété champ d’honneur.