"Un poète doit laisser des traces de son passage, non des p Seules les traces font rêver."
René Char
Il est parti la révolte dans les bras Sa voix restera un écho dans mes nuits sans étoiles Je ne pourrais jamais effacer la trace De honte et douleur sur son visage J'entends ses derniers vers Quand il a justifié la profondeur de ses blessures Le poids des mots L'écrasant sous les nuages Je me rappelle le temps Où nous restions muets dans le vide L'obscur se dissipant sur les poitrines nues Endormis dans les rêves d'un autre Il a justifié la douleur et la maladie Comme le prix à payer au bonheur. Je me rappelle l'avoir entendu parler Un soir sur la Cordillère Du suicide des nuages De la rumeur qui meurt dans la mer Je me rappelle du temps où gamins Nous émerveillions les filles Avec nos rires et les fables D'Esope et La Fontaine Parlant des navires sur la mer des naufrages Et d'autres histoires futiles Entre le vin et le sable. Je me rappelle le temps Ou le ventre offert aux plaisirs et à l'outrage Touchant l'incertain des courbes des femmes. Pour une fois incapables de demeurer sages.... A la dérive dans l'aube froide d'un matin d'automne Il est parti dans les cris et les bruissements De la guerre et ses ravages Exilé, banni tel un paria Avec dans la poche un peu de pain mouillé et de sang... Laissant dans l'espérance d'une rencontre lointaine Le ravissement d'un élancement éternel... Sans craintes serein, quand tout s'écroule Je presse mon coeur qui va bientôt mourir Je vais étreindre l'Infini dans mes bras Loin des ses images, loin des mes rivages...