Ma compagne de toujours est jolie. Elle ressemble maintenant à un gamin, Avec ses cheveux courts pleins d'accroche-cœurs Qui vous la jouent à la Tintin. La sérénité émane de son beau visage qui se termine Par un petit menton, étroit Finistère d'un triangle doux. A la pointe des angles, deux petites oreilles Finement déliées sortent à la brune, Comme deux jeunes chevrettes en cavale sous la lune. Elle semble dormir. De son corps rien ne bouge sauf sa poitrine apeurée, En ventres d'oiseaux. Elle scande un air ancien, l'air d'un petit tambour Vibrant d'une fine peau. Le souffle... Ma compagne est belle, étendue et pantelante. Belle, elle ne le sait pas assez. Moi, qui pudibond et couard, après l'avoir dévorée, Ne lui susurrais que quand Morphée l'avait enlevée. Moi qui ne fus pas assez fort, devant l'étoile scintillante Pour le gueuler à la ronde comme un méchant loup. Je m'en veux maintenant de mes louvoiements, De mes ruts sans feulements. Trop spontanés, secs et sans Automne. Accueillis pourtant comme une pluie apaisante Sur nos échines, nos robes tannées par un soleil monotone. Nos sentes furent les mêmes. Toi devant et moi derrière, moi devant et toi derrière. Seules les herbes à peine courbées gardaient à leurs pieds La trace couleuvrine d'une vie qui nous ramenait à nous. Muet, jamais je n'ai su conjuguer le verbe aimer Et ne le saurai plus. Depuis, toujours tu m'accompagnes, Ma compagne de toujours.