Ta saison préférée était le Printemps. La mienne, l'Automne. Toi, la vie qui renaît sous la pluie. Moi, la vie qui se retire sous la pluie. Tes brumes gonflées des promesses matinales. L'approche feutrée de mes chers soirs encore timides. Un noble vent ailé chassant les nuages hauts. Un souffle discret époussetant les morts-bois. Les jeunes fleurs qui s'enhardissent. Les champignons déjà craintifs. Une trille volage qui déchire une résille perlée. Le chuintement doux des mousses, trempées à nos pieds. Le vif parfum du vert qui s'ébroue, tout mouillé. L'humide fumée lourde des vieux ors égouttés. Un rayon de soleil blanc, éblouissant! Une coulée de ciel rouge... incendiant. Un rire clair, et toutes tes dents! Nos muettes ombres longues et... Premier éternuement! L'arôme puissant du thé tout juste passé. La senteur de noix d'une tisane épicée. Adieu l'Hiver! Adieu l’Été! Un regard entendu, une halte étonnée. Quatre bottes immobiles dans une flaque brisée. Et encagé sous notre aile noire qui ruisselle, Perché sur nos lèvres complices, l'envol d'un baiser.