Domeclas, bon orateur en ses belles heures, Usa de maintes flatteries Et de milles louanges choisies En cherchant charmer son bienveillant Seigneur.
Celui-ci, comme tout sage Prince, discerna Que ce scélérat ne cessait de l’encenser Pour s’attirer les grâces de sa Majesté. Las de ses sottises, ainsi il décida :
« Toi qui vantes tant ma place et mon pouvoir, Ton devoir au prochain réveil du soleil Sera de me suppléer dans mon vouloir Jusqu’à ce que la luisante lune s’éveille ! »
Ainsi dit, ainsi fait. Le roi ordonnait, Le chien aboyait, La leçon s’élançait.
Le profiteur profita des infinis plaisirs Que la richesse du Bon Roi permettait. Il tâtait de son être tous ses désirs Et crut consentir que le bonheur l’étreignait.
En ce jour sidéral, Il n’accorda pas d’audience. Il ne fit que remplir sa panse, Pensant profiter de son Graal.
« Quel misérable souverain ferais-tu ! De toute clémence tu es absent Et de notable sagesse tout autant ! Ce trône par tes mains ne sera défendu ! »
Plein de rage, le roi le délogea. Exilé de son siège, Domeclas s’éclipsa Et se mit en quête de pouvoir et de gloire. Il revint les mains vides sur l’agenouilloir :
« En prudent Prince que le peuple vous traite, « Éclairez celui que l’excès maltraite. Peut-on ne désirer ce que nous n’avons point ? Mon cœur et mon être en seront témoins. »
Humblement, le sage lui conseilla un bien : « Existant par lui-même au fond de chacun, Celui-là, on ne te le volera point. C’est assurément ton âme qui le contient ! »
Domeclas reprit la route L’esprit léger et rassuré. Certains royaumes racontent Que de la sobriété Il fit l’éloge sans hésiter. Son esprit put contempler La demeure de la sérénité.