Un peu de poésie, signe de la vérité, de la peur et du silence. Poète, dans ce cahier où tu feuillettes tu écris le même bruit de sang à craindre et quelques pleurs de haut deuil. Tu excites la mémoire, fragment de l’horreur et tu demandes à la tempête qu’elle n’allonge pas le couteau. Tu griffonnes quelques vers, c’est un simple geste de l’incompréhensible. Tu refuses le peu qui te reste à vivre pour t’insuffler un dieu dans la graine. Tu franchis tes frontières prenant le cap des nuits polaires et tu brouilles les pistes pour éclairer les mythes figés. Tu te sacrifies comme Icare que la chute défigure et tu t’endors dans le gouffre rassuré par gentillesse. Un peu de poésie, poète du silence. C’est l’heure de la cruauté la plus haute. Autour de toi chantent les poèmes. Ce soir, tu fais tes petits gestes pour nous rassurer et pourtant personne ne se soucie de ta chute frissoneuse.