Une femme Moitié vierge- Moitié balance Elle roule sa vie en contresens Course le temps- traîne dans l'heure Elle est l'ombre de ses jours-l'éclair du rêve de ses nuits Un clair-obscur - une pénombre Un jeu d'ombres projeté par l'esprit Elle est une liberté Une liberté en rébellion Qui s'est enfermée dans une prison Par goût de l'évasion Une liberté qui se recherche et se poursuit elle-même Qui se fuit sans cesse-sans parvenir à se rattraper Une liberté en cavale Une liberté évadée de l'existence Elle a un regard aveugle qui oublie les visages Pénètre en dedans des personnages Infiltre l'odeur d'une pensée Plonge au fond des mers de l'émotion C'est un regard- qui se regarde- une voyance Elle est - une solitude Solitude en multitude- multitude en camisole Où elle s'isole En elle demeure l'enfance non vécue Une différence que rien n'a vaincu Elle est- la sensibilité dans sa chair- une fulgurance Parmi les habitantes squattant son cerveau-une indépendance La plus tendre- sans défense - la vivante Qu'on peut prendre - en jouissance- en souffrance Que pour fendre- mettre en transes Il suffit d'une nuance- d'un souffle d'air C'est une plaie ouverte- qui saigne- ciel ouvert Un rêve massacré- en transhumance D'un suicide raté- la dépendance Une femme Un drame- Une tragédie - un film Une chanson- un Poème -une romance Une comédie -aussi C'est une question sans réponse La réponse à une question- que personne n'a posé La démence d'une raison -a la lucidité- implacable Lucidité laser D'un rayon comme un œil ouvert Ouvert sur l'envers- l'envers de la vie - son enfer L'enfer affectif d'une carence Elle s'est perdue en elle-même - et ne se retrouve plus Vit avec conviction toutes ses contradictions Elle est- la scène - la comédienne- le scénario Et l'œil qui les contemple -critique - applaudit Car elle est- Le public- aussi Quel est son rôle -où est sa place Jamais- elle ne l'a compris Son apparence se multiplie de tant de personnages Que parmi tous ses masques-elle ne peut plus discerner Lequel - est son visage Perdu- entre la scène et l'écran -de ce cinéma permanent Avec arrêt sur image Image en négatif -négatif de la photo de l'amour Le cliché du positif s'est voilé en voyant le jour Elle est - Une présence -En absence Qui se cherche partout- en tous-en elle-même Jusqu'en un ailleurs qui n'existe pas Elle est là- au loin- en tout- et nulle part Près de toi- et partie dans un voyage planétaire Son existence est un néant D'où surgit l'imaginaire de ses multiples destins De ce néant elle émerge La réalité d'une existence à ses rêves C'est - un espoir - qui n'attend- rien Un désespoir - en espérance Un amalgame. Une femme- en psychodrame Pour elle l'amour et la haine- soudées en sœurs siamoises Ne peuvent se séparer Son amour a la rage de la férocité Qui ne pardonne- rien- admet- tout C'est tout- ou- rien- une quête sans fin Vers un absolu- auquel- elle n'a jamais cru Elle détient cette innocence qui mène à tous les délits Exige tous les défis Coupable envers la loi- condamnée par la société Elle a- l'innocence- en soi En soi- culpabilise Devient son tribunal- son jugement- sa condamnation Une condamnation sans appel La perpétuité - dans l'auto-destruction La mort est ce support qui l'aide à vivre L'issue de secours pour la fuite de sa vie Si s'embrase la douleur en incendie Tant de tentatives ont été perpétrées pour la détruire Avant sa naissance- qu'elle continue Sa vie n'est que la reproduction de ce premier repère Reçu - dans le ventre de sa mère C'est une rescapée qui se sent coupable d'exister Une meurtrière - qui s'assassine Victime de son crime- elle en tire- une jouissance
Elle est- un silence -qui se parle Un silence que tourmente un bruyant Monologue qui la hante Un silence qui questionne - se répond Pesant - de demandes déboutées Un silence qui raconte une histoire - qu'elle ne dira- jamais Un silence- indiscret Elle est- une parole- parole qui jaillit En cascade de mots- fusée d'idées- livre d'histoires Une parole - jetée Une tenue camouflée Pour taire l'important- le muet La parole _ que nul n'a écouté La parole - en absence Toujours en avance d'un mot- en retard d'un crédo Elle n'est pas à l'heure de son temps Comme un oubli de la vie- un bagage resté en consigne d'une gare Une naissance- sans le cri Un sentiment immobile- qui ne trouve plus de départ Un destin sans alibi- une musique en discordance Telle la route d'un désert- ne menant nulle part Elle voit- de dune en dune- disparaître sa vie Engloutie - de lune en lune- sous le sable du temps C'est- un voyage- sans correspondance ON L'APPELLE AMBIVALENCE
Avec les déchirures des blessures de sa peau Elle s'est cousu un patchwork - en rassemblant les morceaux Des coups de poignard lui ont cloué le cœur Et l'on changé- en prédateur Avec les pointes de fer- fichées dans son cerveau Elle a construit un passage clouté- un passage privé Filtrant ses amis- ses idées Une barrière Si peu en connaissent le mot de passe Que c'est devenu- une impasse Maintenant- verrouillée à l'intérieur de son univers C'est l'autre qui sort- son envers La sensible blindée- qui n'a peur de rien - puissamment armée La fille d'airain et d'acier Sa sœur - dans l'urgence- sa défense - sa violence
Sous sa violence- coule une douceur Qu'elle maîtrise - de peur qu'on la violente Sous sa douceur-hurle- l'enfance maltraitée Saigne- la souffrance de l'enfant mal aimé Tapis- au fond de son cœur - cet animal blessé Elle l'entend bouger- tenter de s'échapper Il a peur- il veut- tuer Elle l'a ligoté des liens de sa tendresse Bâillonné de rires les cris de sa détresse Sa sortie lui cause des frayeurs Mais- elle ne veut pas qu'il meurt Car- c'est aussi - une partie de son cœur Une excroissance
Pour participer au casting de la société Ni son profil- ni son style Ne concordent aux normes de leurs critères codifiés Se vit- caméra cachée - Scènes instantanées Au scénario improvisé Se visionne- dans des piéces qu'elle s'écrit à compte d'auteur Une projection- privée Où elle se regarde vivre- sans exister Théâtre itinérant- d'une troupe d'errants Aux jeux de rôles interchangeants- sur la scène de l'instant Une scène - un instant - et _ rien- rien- que des passants Elle joue en intermittent du spectacle dans l'existence Une existence qu'elle triche- avec un jeu truqué Sa main tenant un réel- qu'elle agrémente En sortant de sa manche- la carte du songe Elle est elle-même - sans savoir qui elle est Planète égarée- d'un espace inventé Elle tourne en orbite autour de sa vie
Elle a le courage de ceux que la peur d'être lâches rend téméraires Un courage- suicidaire Des héros- où des bourreaux Un courage - en colère Sa volonté s'est forgée par le combat de ses faiblesses Ses faiblesses- volontaires Elle est tout- et son contraire Avance dans la vie- en marche arrière Traverse les miroirs- pour voir- sous son éclat -le revers - de l'histoire Se meurt d'une vie qui n'arrive pas à exister Affamée- si affamée de vivre- de vivre à en mourir Se dévore- à en vomir sa vie Avec cet excès- un excès en urgence- tout - devient intense D'une telle outrance- que le pour et le contre Se rejoignent aux extrémités en ressemblances
ON L'APPELLE AMBIVALENCE
Brasier d'un feu enterré Femme cendre- femme flamme Cendre qui sommeille - qu'un courant d'air ranime- étincelles D'où s'éléve- fumée _ un espoir qui s'éveille Cendre qui s'éteint - au moindre vent contraire Redevient ce déchet- résidu de l'amour éjecté Qui sombre- larmes de suie Et plombe- d'une ombre- la tombe de l'avenir Car couve sous la cendre- la braise du souvenir Elle est cendre- une cendre en veille Flamme- elle s'incendie D'une vie intérieure - d'une telle ardeur- qu'elle s'asphyxie Trop vivante pour exister Elle n'habite plus ce monde- mais à côté Chemine à l'extérieur de son existence Se côtoie sans se reconnaître - sans pouvoir se rencontrer Brûlure d'un rêve immolé Elle ne sait plus où aller- qui aimer- ce qui est la réalité Toujours elle se perd Dans tous les milieux- tous les endroits Même dans sa vie s'est perdue trop de fois Dépourvue du sens de l'orientation Elle n'a pu trouver le sens de son existence
Elle vit dans l'extrême de ceux que la mort attire Sombre dans le plaisir- comme si - elle allait mourir S'ouvre à la souffrance - comme si- elle voulait en jouir Une conduite - sans amortisseur Les chocs- la fracassent- en direct- jusqu'au cœur Sans pédale de freins Elle descend sa vie- en roue libre Sans ceinture de sécurité Elle est passée au travers du pare-brise de la réalité Une existence- au pied levé Disloquée- dans un réel en piéces détachées Le moteur continue à respirer- avance- s'emballe Une course effrénée- où - elle essaie de se gagner Une course perdue d'avance Par déclaration forfait- au départ de l'enfance
Elle est- une menace- en péril Qui- de sa vie- s'est mise- en exil Un rêve éveillé - qui fantasme- ses cauchemars Un réel somnambule - noyé-dans le brouillard Un défi permanent - pour d'éprouver Un espoir calciné - qui refuse de périr Un bonheur balafré- d'un amour à souffrir Un pas perdu- en quête d'un chemin Un destin suspendu- au -dessus d'un ravin
Elle aurait voulu être Un câlin - un parfum- un lendemain - un venin- ou un choix N'importe quoi Un indien- un devin- un magicien- un lutin- un bandit N'importe qui Enfin- quelque chose- où quelqu'un Même un chien Plutôt que- rien La conséquence- sans importance- d'une malchance
Un jour Elle en a eu - assez Elle a voulu- défier- l'évidence Elle s'est- tuée Pour savoir-si- elle était - vivante Son corps a disparu Même dans la mort- elle s'était - perdue
Peut- être n'était-elle- qu'une essence Celle qu'on appelait - AMBlVALENCE