Un matin de lucidité blanche Sous un soleil décoloré par l’ennui Séduite Par l’image paisible Projetée Sur un miroir d’algue Je resterai accroupie Dans le ventre de la Seine
Les faits divers dépèceront mon passé De voyageur anonyme Héroïne de roman- fleuve Dans l’imagination d’un journaliste La photo de l’autre La vie de l’autre Les passions de l’autre S’imbiberont d’encre Et tous l’identifieront ……. Mais moi Qui me reconnaîtra Déshabillée d’apparence Épluchée dès sa peau. Toi,peut-être Tu te souviendras M’avoir tenue Un instant Écorchée A même la chair Entre tes doigts
L’autre m’est pratique Elle me prête sa voix, ses gestes ,son rire Moi qui ne suis Qu’immobilité, silence ,larme Matière perméable Sans consistance.
Parfois Sous la bousculade d’une émotion Elle m’abandonne Et je coule Sur le sol Mare de sang Contre mon allergie à l’existence Remède
Un matin de lucidité blanche Sous un soleil décoloré par l’ennui J’enfermerai l’autre Dans un cercle sur l’eau .