Vos
poèmes

Un beau jour le poète,
Se promenant dans son jardin,
Avisa une orchidée fluette
Et lui demanda, incertain :

“Dis-moi petite fleur,
Pourquoi te remarquerait-on,
Isolée dans ta douleur,
Dans l'obscurité où tu te fonds ?

Tes voisines sont plus chatoyantes
Et leurs couleurs illuminent.
Elles sont de loin plus brillantes
Alors que toi tu fais grise mine.

Elles se rassemblent par dizaines
En massifs éclatants.
Vois la solitude qui est tienne,
Qui donc t'en demande tant ?

Pourquoi t'infliger ce malheur,
Est-ce acte de pénitence ?
Pense-tu y trouver le bonheur,
Y a-t-il un but à ton existence ?”

Elle le regarda et répondit :
“Le parfum de ces fleurs éclatantes
L'as-tu déjà senti ?
La nuit, est-ce lui qui te hante ?

Non. Je le vois dans tes yeux.
Car vois-tu, toutes ces couleurs,
Qui brillent de mille feux
Attirent l’œil mais non le cœur.

Ces belles demoiselles
Ne possèdent aucune senteur.
Choisis n'importe laquelle
Elle sera identique à ses sœurs.

Peut-être suis-je solitaire,
Terne et sans éclat,
Mais mon parfum éclaire
Celui qui cherche sa voie.

Peu de gens le connaissent
Et encore moins le comprennent,
Ceux qui voient la déesse
Derrière le voile de peine

Ceux-là le savent bien,
Je suis une fleur unique.
La noirceur comme écrin,
Ce n'est pas si tragique.”