J’ouvre lentement les yeux Je suis en mer, il pleut. Perché à la proue d’un navire Les embruns me fouettent, je respire. L’horizon clair et dégagé Ce vent qui ne cesse de souffler Il s’engouffre entre les mâts Et gonfle les voiles avec fracas Les faisant glisser sur l’océan Avec la grâce de cygnes blancs. D’écumeuses vagues frappent ce navire à cordages Et repartent se perdre dans son puissant sillage. Zéphyr me berce, j’observe l’horizon, Rêve de trésors engloutis dans les tréfonds D’une mer aux chemins vastes et tortueux, Doucement, je ferme les yeux…
Un éclair zébrant le ciel, Un grondement de tonnerre sans pareil Une mer d’encre, des éléments déchaînés M’attendent sur un pont déjà bien malmené. L’ouragan rugit et tempête L’océan est un monstre sans tête, Gouffre sombre, abysses cauchemardesques Déployant des profondeurs une inquiétante fresque. Perdu dans ce flot de rage, Je ne sais comment, je surnage. En finissant par sombrer, tout ce que je veux, C’est fermer paisiblement les yeux.
Étrange, je me sens flotter Dans une immensité épurée Dans une mer infinie, étoilée. Une lueur, je sens mes yeux se fermer.
Un rayon de soleil sur mon visage Je suis étendu sur une plage. Les vagues s’échouent lentement Reflétant la beauté du soleil couchant. Au large, une mer limpide, cristalline Et en son sein, la flore la plus fine, Des poissons entamant un ballet marin, Des rochers cachant des mystères sibyllins. Ces merveilles m’emplissent d’un calme profond Et sur les joues, sans raison, Le sel de mes larmes s’ajoute À celui de l’océan, traçant ma route. Océan traître et mouvant Pourtant père de matins riants. Mon nom est Ulysse le Rescapé Et ceci est mon odyssée.