Au bout de ma tresse Ornée d'un ruban, mon corps et toute sa faiblesse Vibrent au toucher de tes doigts. Je ferme les yeux et j'y crois. Tu es ce musicien. Je suis son violon. Corps à corps, le temps de l'interprétation. Sur ton épaule, l'instrument sonore, Soumis au crin de l'archet, Crache de ses tripes frémissantes, Sesh langoureux soupirs Et, tout le venin laissé Par ses amours martyrs.
Au bout de ma tresse, Ornée d'un ruban, Tes doigts glissent sur une boucle parsemée d'argent. A mon front s'inscrit toute ma jeunesse, Et mon cœur, vieilli, se lamente Sur son fardeau. Comment te plaire ainsi ? Rude est ma vie et le temps toujours fuit. Au bord de l'Yerres, Je chante mon fado Toujours en pensant à lui.
Au bout de ma tresse, Tourbillonnent tes doigts, Après quelques ricochets, Coule ma détresse, Surgit un instant de joie. Au bout de ma tresse, Mon cœur tambourine Sous ta main qui paresse Sur ma charmante poitrine. Au bout de ma natte, Tes doigts libèrent mes cheveux. S'envolent des rires d'enfant, des jeux de demoiselle, Et tombe le ruban bleu.
Sur cette natte de braise, naît du plaisir charnel, Déferlent des étincelles, S'allège tout ce qui pèse, En toute simplicité, s'accorde le verbe aimer. A l'ultime note jouée de la partition, Le violoniste range son violon. Je refais ma tresse, Et repars avec mes illusions.