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Issam ASSAF

L’Ancre

Il se fait de plus en plus lointain l’écho du sifflement.
«Créer» rougeoie à l’abri du tumulte improvisé
Comme une greffe à l’abri du son.
Ton corps ventilé
N’est plus résolument rangé derrière ta main.
Il se démarque des aubes absorbantes
Et des soleils mouillés.
Ton corps ventilé
Largue à la fois son brasier et les collines du vent.
Créer par-delà.
En s’allégeant l’évanescent se love sur tes ombres.
La délivrance des mots est de la mort sa sœur puinée.
L’Etre s’y réfugie comme l’huître dans sa viscosité.
C’est là que Narcisse lève enfin son masque ultime
Pour disparaître au fond du verbe.
C’est là que le Calice verse sur la pâleur du papier
Des gouttes de vin rouge
Le vin de la Métaphore.
Il subodore loin des canines, ton corps ventilé.
Il s’assure que ta main ne nourrit pas le Monstre
Ne se donne pas à la Mâchoire qui mâche.
[Que de futilités larguées à l’entrée de l’Aleph !
Telle la Notoriété en caoutchouc, nougat déformant,
Ou les Titres jaseurs pour coqs toujours huppés.
Les sarcler au mépris du futili-fatui-facondité ! ]
L’hiver enfin invité à sécher ses pluies
Au soleil de tes Silences rassis.
La page incandescente est ton aquarelle inachevée.
Tes yeux d’eau apprêtent des couleurs insolubles dans l’air.
Tes yeux d’eau diluent les limites de la toile
Rêvent de la transformer en Suaire.