Dans tes derniers retranchements faits de syllabes et de son Cette page du jour d’après est ta réplique Aux plages sans coquillages Alors que la rouille grouille au gré des saisons. Quand tout est galets attirés par le sable Tu te veux tailleur d’astres sans complaisance Semeur d’embruns au ciel des vagues Berceur de ressac pour anguilles sous roche. Ton corps ventilé, ton silence écrin ! Seul le dit de la nuit pour sarcler le liseron des lèvres Seules les filantes de là-haut pour tracer des sourires Alors que les courbes des feux d’artifice Glissent.
Une tondeuse verdoyante à l’entrée du jardin ? Seule la langue est désir d’ancrage pour toi. Les hasards se rangent perles nacrées à son cou basané. Elle te demande de refondre ses monnaies Tu lui promets d’étamer ses miroirs. De mouler, de souder le métal de son vase. Et puis elle est onde salée, tu es sa conque Elle est souffle de blé, toi sa levure La Langue ! Giron de mère où reposer ta tête Le Creux que remplissent tes mots Tel un oreiller et ses plumes d’autruche.
L’ancre est là, sous les fonds rocheux de la vie. L’ancre est là, le mouillage aussi. C’est là qu’on se perd entre autophagie et magie. Tes yeux ensorcelés te dévorent Pour te rétablir poisson dans la transparence de ses arêtes Verrière pour une verdure bien agencée Garde-fou réconcilié avec un corps ventilé. La cire des lettres et des mots chauffe les feuilles d’or Rehausse les idées dans leur reliquaire Et moule leur forme pour le plaisir des doigts tâtonnants. Image, magie, Imagie. Cette ivresse culmine toujours tôt Et ton inquiétude s’apaise, macérée dans la langue. Mortier à piler les instants, la langue ! Et le temps n’est jamais avare de ses graines.