De VOUS à TU.
Vous ai-je parlé déjà de ce si doux regard,
De cet éclair gris bleu, brûlant comme une flamme,
Qui par un soir magique, zébra mon ciel blafard,
Et pénétra mon cœur, en embrasant mon âme.
Au hasard d'une rencontre au destin incertain,
Dans un instant sublime, mais ô combien fugace
Des inconnus s'enlacent et parlent de lendemains
Quand l'étincelle divine, pulvérise la glace.
Ce fut dans un de ces moments, furtif et fort,
Qu'elle vint illuminer mon trop sombre avenir,
Seulement l'apercevoir était mon réconfort,
Quand bien même mes mains, je devais retenir.
A gravir de son cœur les plus hautes marches,
J'ai craint plus sûrement le dénouement fatal,
Qu'en escaladant le Mont Blanc patriarche,
Pieds et mains nus dans le froid polaire létal.
Aussi pudique qu'un bon Dieu dans sa crèche,
Le fruit du premier baiser, fût l'extase divine,
Bien plus onctueuse que la meilleure des pêches,
Gorgée de soleil dans la tiédeur angevine.
Devant mes lèvres hardies, elle rêva de tutoiement,
Presque ingénument me dédia sa nudité,
Une beauté nubile comme un enchantement,
Qui devint une femme, sans perdre sa virginité.
Quand le dessin de sa bouche crie bienvenue,
La décence ancestrale vante le vouvoiement,
Quand son sourire d'ange impose la retenue,
Mon désir éprouvé prône le tutoiement.
Alors, sans complexes, sans atours et sans vertu,
De la morale elle en fit sauter le verrou,
Dans sa candeur juvénile elle me dit tu,
Bien que soumise elle resta reine, je lui dis vous