Hier Je me suis assis Je l’ai mémorisé Je fus très vite édifié
Aujourd’hui Ma convoitise Me fait tisser les silences de son corps.
Chaque vêtement tombe Comme une lame de ressort Les tissus chantent l’apparence.
Elle est nue. L’entrechoquement des idées et des chaleurs Se mêle à l’eau de ses saveurs.
Elle se hisse sur la pointe des orteils à ce moment Dans l’élongation de son corps Elle devient un métier à tisser. Elle s’agrandit de quelques centimètres Ouvre grands les bras et s’envole loin de mon canevas. Délaissant mon burin dans un vide illettré Elle se poste accroupie sur un rayon brillant Ses formes s’étoffent de lumière. Des ombres s’accouplent contre nature à sa nature formelle des sombres Des nitescences naissent Telles des jumelles Sur ses épidermes aux multiples peaux. Des arabesques s’écoulent de ses yeux. Ses os saillent comme des pédoncules Et granitent ainsi ses soies. Des petits bruits fermentent de trou en trou Exhalaisons subtiles qui savent de quoi elles parlent. Des tulles l’une sur l’autre drapent ses muscles arrondis. Sa nudité s’habille d’elle-même.
La retisser devient nécessaire pour m’en souvenir.
Elle se relève sans lever la tête ni les bras Des forces inouïes soulèvent son bassin Le lustre extravague des neiges roses. Elle est enfin debout Rejette sa chevelure alezane De bas devant à haut arrière Elle est sculpturale Ainsi drapée d’incantations.
Je suis à l’écoute Tout devient évident : Cette sculpture est à tisser !
Ce souvenir tramera une intrigue perpétuelle.
Son corps éclaire mes idées Son plaisir à mes pieds se débobine Mes outils en tombent Une quenouille intelligente surgit dans ma main.