Je possédais, jadis, un véritable ami, Un être merveilleux que j'aimais comme un frère ; De ces hommes, il était, au visage épanoui Dont le regard profond exhale la lumière.
L'on sentait que la joie débordait de son cœur Puis, lorsqu'il se laissait aller à nous sourire, Il nous communiquait un peu de sa chaleur Et nous partions, alors, d'un grand éclat de rire.
Mais un jour est venue la Douce Visiteuse, Cette intruse ingénue, toute vêtue de noir, Qui, lui prenant la main, ingrate cajoleuse, Lui parla de l'hymen afin de l'émouvoir.
S'enfermant dans le piège tendu par la belle Il lui livra son cœur, et son être à la fois, Reniant ses amis pour cette jouvencelle, Cette catin pucelle, à l'esprit si sournois.
Il s'étendit près d'elle ivre de son bonheur Mais, déjà, le sommeil enveloppait son âme ; Nous fûmes impuissants à délivrer son cœur De ce monstre insouciant, égoïste et infâme.
Je le revois toujours, reposant sur son lit, Le visage livide et souriant encor, Comme heureux de partir en ce monde interdit Afin d'y retrouver sa jeune amie : la Mort.