La danse des sirènes est réglée sur minuit. J’ai troqué mon réveil contre un air arlequin. Des matins en tignasses et le chat qui s’ennuie. Quelques roses quand même et le vers à la main.
Dans ma cave je crie des chants de Martinique. Un voyage englouti aux effluves salins. Je suis là mon coco ! Implorant des tropiques. Barricadé dans l’os ; un vieux pull marin.
Je connais quelques routes et des voix* maritimes. Des escales sans îles où le temps ne vient pas. Quelques boys en lady où des ventres s’arriment. Dans des claques asiatiques, à leur sexe bomba.
J’ai tangué des dérives où la mer était Corse. Échangé mon whisky contre un blues africain. L’aube embrumée des leurres où le triste s’amorce. Dans des ports anonymes où prient des assassins.
J’ai gueulé comme font tous les cons d’Amérique. Vive moi et les femmes, Viva la libertad. Dans mon dos pleure encor un mataf hystérique. Un indien bretonnant, une plume de moi.
On m’a dit que Ferré, musiquait d’encensoirs. Que Brassens et que Brel, éventaient du bidon. Que Verlaine et Rimbaud, mitonnaient de l’oignon. Que Baud’laire urinait, sur d’illustres trottoirs.
Les deux pieds d’un fauteuil dans deux croissants de lune J’ai des rêves à bascule en voyage immobile Des chemins de rousseur, des forêts, des musiques Et les pas d’un oiseau dans un livre d’étoiles
J’ai le temps des lumières au pluriel de l’âme La voix rauque d'un chant au parnasse inclassable La promesse d’aimer dans les yeux d'une femme La parole facile au sourire d'avril.
J’ai le chant d’un bateau rescapé de la brume Le registre des flots, le fracas de la pluie Un silence à mon blues, aux nuits blanches et qui jazz La tendresse exilée, d’une mer infinie
J’ai le sort d’un ruisseau qu’une larme a fait naître Les relents de criées d’un vieux loup sans la mer Un pêcheur à sa ligne en eau trouble de l’âge Des marées des rumeurs remontées dans un vers*
J’ai la gueule d’un chien et la dent littéraire Ou d’un chat, ça dépend, d’une hauteur de mur Du chapeau de la dame et des draps à défaire Dans un lit d’écriture
L’illusion dans le vrai, des formules du triste Des chagrins poétiques où se hissent des voiles Un piano malheureux, des mémoires d’artistes L’harmonie au clavier d’un passant sur la toile