Par des fenêtres ouvertes Surgissent Des vapeurs orangées Inodores D’inquiétante Opacité
Des cris étouffés Font vibrer les murs Et parmi les cailloux Que nous projetons Aussi loin Que nous le pouvons Certains rebondissent Bruyamment Contre les barreaux De la prison
Une file d’attente Calme Imperturbable S’égrène en contrebas Du chemin asphalté
Deux rangs devant moi Les cheveux ébouriffés par le vent Une femme âgée S’arrache les vêtements Et se met à hurler Dépoitraillée Devant les portes closes
Bottées de cuir brun La matraque à la main Deux chiennes L’avisent aussitôt Puis la rouent de coups Jusqu’à ce qu’elle s’écroule Tandis que la foule Redouble ses cris de haine
Des nuages s’amoncellent Au-dessus de nous La pluie elle-même chercherait-elle A nous menacer
Nous nous prenons à rêver Aux trompettes de Jéricho A des tremblements de terre A des murs fissurés A l’image des têtes Lamentables Monstrueuses Pathétiques Des autorités