A force de percer le temps Comme on fraise les dents Le jour en lui décline Dans la douleur craintive De l’hiver en dérive Qui croit avoir perdu Le parfum du printemps Dans ses fosses nasales Et se résout C’est banal A humer le vent
Mais l’astre délicat Qui toise l’horizon Qui discourt à foison A propos des ruines Que les guerres abandonnent Peine à nous aider Dans la lecture des noms En partie effacés Tandis que le glas Sans cesse résonne Au petit clocher
Les morts vivants pourtant avancent Comme KO debout Certains tremblent un peu Quelques-uns déraillent Ou entrent comme en transe Arborant sur leur tête Une espèce de chou
Des jeunes filles en fleur Exécutent des danses D’un pas lourd dans la boue
La guerre est loin d’être finie Du moins le dit-on Je rêve de tomber Raide mort dans un fossé Rempli de cresson Frais et bleu comme le lit Du soldat de Rimbaud