Etre un peu fou, quelle bonne surprise !
Devenir parfois un fou, quoique l’on en dise,
Peut, mes amis, vous réserver quelques surprises.
En notre terre, un homme enclin à la raison,
Voulut de la folie faire quelques moissons.
Tout sage qu’il était, il voulut voir un fou,
Et un digne légat de cette engeance en tout !
Un jour, l’un des plus grands se présenta à lui,
Et notre homme allait vraiment en être ébloui.
Il y a un monde fou chez toi, lui dit le fou,
A qui je souhaite bienvenue parmi nous.
Que me veux tu ? Par quoi veux tu que je commence
Pour que tu me rejoignes dans mon obédience?
Veux-tu que je crée le ciel de ta folie ?
La terre suffira pour forger ma panoplie
Lui répond notre homme avec une grande assurance !
Je vois que tu nous rejoins déjà avec prestance,
En mettant un grain de folie dans tes propos.
Que mes bons conseils déterminent ton repos.
Traite les choses sérieuses avec frivolité,
Et si elles se présentent avec brutalité,
Réponds y sans en exagérer les périls.
Ne croasse pas avec ceux qui tissent ces fils
Car les choses ne vont jamais comme l’on croit,
Et de la folie reste donc dans son endroit !
Laisse toi convaincre, les oiseaux de malheur
Sont surement de la raison les écorcheurs.
Elle n’apporte dans leur âme que des tourments
Qui chassent loin d’eux la folie assurément.
Les plaisirs que je t’offre sont source de vie ;
Que ton cœur soit conquis par eux avec envie.
Fais défiler ta vie dans le sens que tu veux :
Amour, amitié et des bonheurs délicieux,
Tendresse, amitié et des amours fructueux.
Et que l’humour inonde ton monde en tous lieux.
Alors pour être fou, lui dit notre postulant
Il faut égayer les êtres nous entourant,
Et voir notre histoire avec un grain de folie.
Il vaut mieux avoir, avec tous, cette manie,
Plutôt que de demeurer un sage solitaire.
Je vois ! Notre nature sera rajeunie,
Et notre espérance de bonheur infinie.
Je vois que tu t’éloignes d’un avis contraire.
Viens vivre ta jeunesse avec tes passions
Au lieu d’aller vivre avec l’ennui de la raison.
Allez ! Ose donc et lance toi dans ma folie.
Sur ces quelques mots, le fou quitta son compère,
Qui pensa avoir fait un rêve délétère.
Je dois devenir fou, finit-il par penser.
Une petite voix intérieure se mit à rire :
Tu es devenu fou, et que peux tu en dire ?