Je veux mourir en poète
Jeune, sans doute, il est trop tôt pour parler d’elle,
Vieux, elle nous donne très souvent de ses nouvelles,
Ici, la réflexion à son sujet m’appelle,
Pour la chasser d’une closerie idéelle.
Nombreux sont ceux qui ont écrit à ton sujet,
Epictète, Epicure, dont tu fus leur objet,
Si enclins de nous éloigner de ton désir
D’obscurcir notre cœur, notre âme, à les transir.
Certes, tu peux être vécue comme une fin,
Nous entraînant dans des visions cadavériques,
Glaçant nos émois de mille feux orphelins,
D’une vision triste d’un néant chimérique.
Mais laissons partir les angoisses, oh mon amie !
Pour bien te vivre comme une étape de vie,
Et laisser la place à ta puissante alchimie,
Ultime source de vie à la raison obvie.
In fine, ce n’est pas toi qui nous fait du mal,
Mais l’idée que l’on a de toi, regard hiémal
De ta réalité qui peut être tout autre,
Champs élyséens de poésies si champêtres.
Ici, pour écouter les maux de la nature,
Là, pour éclore tes souffrances en tendres émois,
Pour les convertir en vers de belle facture,
Et qu’ainsi, poète, tu naisses à chaque fois.
Alors, crois moi, la mort s’éloignera de toi,
Dans l’irrévérence d’elle, tu t’installeras,
Pour finir par lui lâcher : oust, bon débarras !
Mais si dans sa réelle rage de te vaincre,
Elle devait rester encore dans tes pensées,
Ecris des poèmes, il faut vraiment t’en convaincre,
Et que s’éloigne de toi ton âme angoissée.
Et puis dis toi vraiment que la mort n’est rien,
Et sois à la fois stoïcien, épicurien,
Vas dans les belles pages de l’Orée des Rêves,
Y chercher les armes de ton combat, sans trêve.
Je veux mourir avec une âme de poète,
Vivre la poésie, à la vie, à la mort,
En être un modeste serviteur, un esthète,
Qu’elle soit pour mon au-delà le passeport.
Et si d’aventure il n’avait pas d’existence,
Aucun vif regret n’occupera ma conscience.
