La distribution des prix dans un pays d'ailleurs
Il était une fois dans un pays d’ailleurs
Un homme qui avait appris dans la douleur.
Il devint ministre des écoles avec honneur.
Il avait été un cancre de grande valeur,
Et voulut octroyer à ses frères des faveurs.
Contre toute attente, à l’assemblée nationale,
Il fit voter une loi cadre générale
Qui restructura la distribution des prix,
Mettant les premiers de la classe au crucifix,
Et ses sœurs, et ses frères aimés au paradis.
Il n’en avait vraiment pas une grande idée,
De cet espace à l’ésotérisme bardé.
Sa réforme en acquit un aspect loufoque
Qui finit par le faire passer pour un sinoque.
Cher lecteur, soyez en juge, sans équivoque.
Dans l’article premier, il était vraiment dit
Qu’en l’absence de cancre, sous peine de délit,
Aucune distribution des prix n’aurait lieu,
Dans l’école, et dans ses environs, à cent lieux.
De la sorte, tout cancre devenait un Dieu.
Dans l’article deux de la loi, le cancre élu
De la distribution ne pouvait être exclu.
Il en devenait le président de séance,
Et devait recevoir en toute circonstance,
Au minimum, un prix, pour sa douce attirance,
Pour la place qu’un premier n’avait pas voulu.
Dois-je vraiment continuer ami lecteur,
Devant cette loi à l’esprit fédérateur.
Si tu fus un cancre, pour faire ton bonheur,
Sache que dans l’article cinq de la loi,
Il est dit que si les cancres étaient en convoi,
Et que leur grand nombre était supérieur à trois,
Les frais étaient pris en charge par les bourgeois
De la ville occupée à la distribution.
Admettons-le, pour les cancres, quelle ascension !
Si vous le voulez bien, redevenons sérieux.
N’y aurait-il pas un texte un peu religieux,
Qui nous dit que les derniers seront les premiers.
Je salue les cancres dont je suis un allié.
J’ai redoublé trois fois pour de bonnes raisons,
Et je peux vous affirmer avec ma raison :
Rien n’est jamais gagné, rien n’est jamais perdu,
Tant qu’à l’espérance nous restons suspendus.