La flammette et la brise
Une flammette se languissait tant d’amour
Qu’elle voulut s’exposer un jour à un grand vent,
Pour connaître de la passion l’ébranlement.
Elle pensait ainsi s’épanouir au grand jour.
Que ce mistral est caressant se disait-elle?
Cet aquilon fera de moi une hirondelle.
Mais la bourrasque eut raison de la demoiselle.
Il s’effaça et la laissa dans sa prison,
Où le destin la fit devenir simples tisons.
Alors qu’elle se réfugiait dans les oraisons,
Une brise passait par là sans pamoison.
Laissez moi seule, éloignée de tout coin du feu,
Je ne veux plus être un nouveau brasier, par jeu.
Ne tracassez pas mes tisons par artifice,
Pour faire du peu de feu que j’ai le sacrifice.
Ne demeurez pas dans le froid, lui dit la brise,
Car il vous prendra, malgré vous, sous son emprise.
Je ne veux qu’un souffle léger, dit la flammette,
Et ne désire plus que l’on me conte fleurette.
La brise devint zéphyr et souffla l’espérance,
La tendresse, sur les tisons, avec bienveillance.
La flammette, sensible, réveilla ses feux,
Et s’abandonna aux frôlements chaleureux.
Ils vécurent heureux et eurent bien des coups de vents
Qui ranimaient la flamme, avec douceur, bien souvent.
De cette aventure que faut-il retenir,
Très cher ami lecteur, sans trop t’alanguir .
Le très grand amour, en s'éloignant, te torture,
Mais il t'arme contre une nouvelle bavure,
En te protégeant des affres de la passion,
Pour te faire voir le vrai amour sans concessions.
La passion violente fait d’Eros ton compagnon
Qui finit par t’abandonner dans la raison.
Préfère Agapè, l’amour désintéressé,
Par qui, jour après jour, tu seras tant comblé.
N’oublie pas Philia, de toi elle se souviendra,
Honore là, et l’amitié tendre viendra.