Le défenseur et le pourfendeur des réformes du français
Il faut débattre des choses pour progresser
Sans quoi il existe un risque de régresser.
Un défenseur des réformes de notre langue
Veut en découdre, sans aucune malveillance,
Avec un pourfendeur désirant sa constance.
Ils conviennent chacun de faire une harangue.
C’est au défenseur des réformes d’attaquer.
Une langue vivante se doit d’évoluer
Sans quoi son destin probable est de disparaître.
Mon cher contradicteur, il vous faut reconnaître
Que notre français a connu bien des réformes
Qui ne furent pas seulement de pure forme :
Celle de Meigret invitant au phonétisme,
Qui au seizième fut le nouveau catéchisme.
Celle du sieur Godard au dix-septième siècle
Qui vit venir le circonflexe dans ce siècle.
Et celle de Mille huit cent trente cinq, ma fois
Où j’avois devient j’avais, au siècle bourgeois.
Nous devons suivre l’évolution des usages
Pour que, dans leur temps, les mots passent leurs messages.
L’orthographe n’est pas une mathématique
Dont le strict respect peut être pathétique.
La belle orthographe ne donne pas le talent
Qui peut souffrir de quelques délits insolents.
Le pourfendeur s’approche alors de la tribune
Et vient défendre ses arguments sans rancune.
J’entends bien qu’une langue doive évoluer
Mais pour autant vers des règles elle doit confluer.
Pour que toutes les conventions soient respectées
Elles doivent être, dans notre présent, injectées
Et, par la grâce et la beauté, être adoubées,
Sans que notre grande histoire n’en soit perturbée.
Il ne faut pas faire fi des étymologies,
Nous éloignant de notre généalogie,
Source fertile de la grandeur de nos mots.
Il faut rester de notre histoire les marmots.
Sur la base des usages il faut bien écrire
En français, en se laissant aller au sourire.
Soyons le bon compagnon qui sait élire
Le beau d’avec le laid des mots que l’on désire.
Respecter le présent des mots avec sa main
C’est être aimé comme un écrivain, sans dédain.
A cette fable quelle serait la morale
Qui créerait entre tous une entente cordiale.
Ecrire ce que l’on aime au cœur des vers, des mots,
Nous invite à mieux écrire sans être un manchot.
Si des erreurs peuvent nous exposer au billot,
Alors buvons à nouveau le texte au goulot,
Et de sa pureté soyons le matelot.
Ainsi on en retirera un grand magot.
Raturons, supprimons, allégeons, résumons !
Essayons, alarmons, arrimons, Acclamons !
Que les mots frémissent, qu’ils chantent l’harmonie,
La beauté, la douceur de la francophonie.
Faire des erreurs peut être un acte lumineux
Mais s’y complaire devient un acte épineux.
Pour aiguillonner, de notre langue, l’aisance
N’en encourageons pas s’il vous plait l’ignorance.
Que chaque essence de notre jardin des mots
Baigne dans les eaux des émois coulant à flots.