Dans une basse-cour fièrement agencée Vivait un coq orgueilleux et très élancé. Il était tout à la fois le coq de paroisse Et de clocher, ce qui le mettait dans l’angoisse. Cela ne l’empêchait pas d’être un peu gaulois Et tout aussi vantard pour imposer ses lois. Parmi ses courtisans se trouvait une mouche Qui se livrait sur lui à bien des escarmouches. Elle était comme un coq en pâte sur son dos A bourdonner en permanence à tout propos. Le coq eût été roi sur son noble fumier Si cet insecte qui sautait du coq à l’âne, Sur son beau séant en serviteur coutumier, Ne l’empêchait d’abuser de son organe.
Un congénère jaloux et antipathique Sollicita l’aide efficace d’un moustique. Va donc le piquer pour qu’il ferme son caquet Lui dit, avec empressement, le freluquet ! Le piqueron, au lieu de voir voler les mouches, Qui ne désiraient pas dormir comme des souches, S’en alla œuvrer pour ne pas manquer le coche. Il piqua, il suça sans aucune anicroche Le volatile hautain qui contracta la dengue. Notre bel oiseau finit par devenir dingue. O temps, O mœurs, on ne respecte plus les rois Cria le coq à ses fidèles tout en émoi. La mouche s’approcha tout près de lui et dit : Au lieu de me traiter en animal maudit, Tu aurais mieux fait de me garder près de toi. Ainsi j’aurai pu combattre dans un tournoi Cet avorton qui te livre à l’adversité. Je ne voulais que piquer ta curiosité.
Il vaut mieux écouter une mouche voler Qu’avec les moustiques tigres convoler. Une fine mouche peut être une grande amie, Un moustique, lui, est toujours un ennemi !