Une nuit d’été où la lune est sans nuages Un poète assoupi sous quelques feuillages Verse l’or et le cristal de son désarroi Dans le calice de ses vers aux mille émois. Il sent couler en lui des pensées rafraîchies Par un vent qui, à côté de lui, s’est assis. Dis-moi, lui dit-il, pourquoi es-tu si troublé? Vois-tu! J’ai si peur que mes vers soient oubliés, Que le temps les chasse, lui répond le poète. Toi, que me prônerais-tu, sans être prophète?
Ecoute, je te livre l’histoire des vents! Au printemps, les ventelets soufflent si souvent Que des éclaircies naît une clarté diaprée. Et ainsi notre humeur devient bigarrée. A l’été, ils peuvent être inconstants ou violents, Naître, mourir et disparaître à chaque instant. Après les vents qui accompagnent les orages, La belle nature renaît de ses outrages, Et les hommes reconquièrent un nouveau courage. Le vent peut être auprès de nous comme des caresses, Il est vent du matin, du soir, sans maladresse, Qui dépose sur nous des bonheurs espérés qui sont des pâquerettes tapies dans les prés. Le vent fauve de l’hiver nous crie bien son froid, Il est le vent des peurs et de tous les pourquoi.
Mais que dois-je apprendre de l’histoire des vents? Mon ami, tu es la somme de tous les vents. Laisse les hommes s’assoir auprès de ton vent, la nuit Et que tes vers illuminent leurs coeurs, sans bruit. Crois-tu vraiment qu’ils disparaîtront dans l’oubli? Ils leur auront donné un bonheur infini. Avec ça, il faut que tu te réconcilies.