Le pot de fer et la fée
Pris par la peur de finir tel un pot en tas,
Un pot de terre voulut marcher sur les pas
Du pot d’argile de notre cher Kjtiti,
Pour s’éviter une exécution garantie.
C’est qu’il en avait de l’aisance, ce pot là,
Dans la cuisine il aimait faire la bamboula.
Dans la chambre il s’y reposait sans tralala.
Dans le salon, il était l’essence des galas.
Aussi se disait-il je préfère une fée.
De toute sa magie il est tant assoiffé
Qu’il veut plus encore que son frère d’argile.
Il veut devenir une femme juvénile.
Que Mafalda me pardonne, je suis têtu ;
De l’ami Kjtiti, j’ai suivi la vertu.
Et voulant trouver l’inspiration dans ma cave,
Je crains bien que, par moi, le défi ne s’aggrave.
La fée, loin de tout cela, exauce le pot
Qui devient en un instant Brigitte Bardot.
L’ancien pot en devient assurément fêlé.
Comment va-t-il se sortir de ce démêlé ?
Pourquoi la rejeter, elle est bien conservée,
Lui dit la fée, véritablement énervée.
J’espérais de vous une plus belle surprise,
S’exclame le pauvre pot dont la voix se brise.
Il est en nos orées une femme divine
Qui porte le si charmant prénom de Delphine.
Elle a atteint le très bel âge canonique,
Qui la confirme dans ses valeurs édéniques.
Je veux devenir elle, simplement par mimétique
Pour y puiser toute sa puissance harmonique.
Si tel est ton vrai désir lui répond la fée,
Alors prend donc de cette dame une bouffée.
Et voilà notre ex-pot tant couvert de fleurs
Et d’éloges qui lui sont transmis avec chaleur,
Qu’il en regrette son état de pot fêlé
Ou de pot de vin de son monde si mêlé.
Il n’en devient pas pour autant un pot de fleurs,
Qui pourrait vous tomber dessus avec ardeur.
Mais tout cela me direz n’est pas très grave,
C’est qu’à la magie nous n’y mettons pas d’entraves.
Dans la peau de Delphine, le pot engourdi,
Cherche plein pot à vivre en être dégourdi,
Mais il achève de payer les pots cassés
D’une compétition qui l’a bien terrassé.
Retourne à ton monde lui dit tendrement la fée,
Les pots fêlés sont ceux qui sont les moins damnés.
De la magie ne retiens que tous les mystères !
Et, crois en bien mon état, redescends sur terre,
Il s’y trouve vraiment de belles poteries,
Qui t’éloigneront de toute bouffonnerie.
Je crois sage Mafalda d’écarter les pots
Et, Bourguignon, de retourner à mon tripot.
Chassant de moi les pots, j’aurais ainsi du bol,
Me laissant aller aux douceurs de l’éthanol.
Je boirai à ta santé, championne des fables,
Qui me procurent toujours un bonheur ineffable.