Ma rencontre avec Don Quichotte à Tolède
Tu es une capitale aux splendeurs enflammées
Dans mon silence, ton nom est si bien nommé.
Tu déroules en moi des émotions écarlates,
En un grand feu d’artifice mon cœur éclate.
Du pont d’Alcantara je te revois Tolède,
A mon âme chagrinée tu apportes une aide.
Auprès de toi mon esprit s’enflamme ce soir,
Depuis tant de temps je désirais te revoir.
Un chapelet de beautés embellit ton cou,
Le souffle de leurs émois me rend vraiment fou.
Laissant le beau pont sur le Tage derrière moi,
Je découvre ton Alcazar qui fait de toi
Une ville puissante en mes désirs fougueux.
Il y dépose ses frontons volumineux.
Et là, sur une frêle place, Cervantés
Nous apparaît, puissant, dans toute sa hardiesse.
Mystérieux, se présente à moi Don Quichotte
Devant lui, je ne demeure que Jacques Hosotte.
L’hôpital Santa Cruz, avec ses trois patios,
Fait chanter « l’Arlequin de Tolède » avec brio.
Une statue d’Hélène sur son beau tympan.
Me ramène à de tendres souvenirs d’antan
Où, cher enfant, accompagné de ma maman,
J’avais admiré ce pignon éblouissant.
Don Quichotte, où sont donc tes moulins, en ce soir,
Dans les ruelles de Tolède où il fait noir.
Je crois les y voir mais je demeure charmé.
Des foyers mudéjar, je suis tant affamé,
Auprès de leur effloraison je veux m’assoir.
Tes ruelles étroites sont ma vérité.
En poète attendri, j’admire tant leur beauté.
Mystérieux, se présente à moi Don Quichotte
Devant lui, je ne demeure que Jacques Hosotte.
Réponds moi Tolède, à ma demande de toi!
Devant ta cathédrale, je demeure coi.
Tes cinq nefs, ton double déambulatoire,
De ma tendre jeunesse, raconte l’histoire.
Je me vois chanter dans la salle capitulaire
Sous les décors divins peints par Jean de Bourgogne.
J’y entends les voix de mes parents, si solaires.
De ces moments avec eux je suis un ivrogne.
Derrière l’abside, je cours voir le transparent,
Dont la théâtralité calme mes tourments.
Du sommet de la tour où je suis réfugié,
Je te vois y galoper, à « Santo Tomé »!
Tu y rejoins ton créateur si vénéré.
Mystérieux, se présente à moi Don Quichotte
Devant lui, je ne demeure que Jacques Hosotte.
Je quitte avec empressement la cathédrale.
Je vais dans la nuit auprès de ton maître, Ô mon âme,
Le banquet de mes chers souvenirs te réclame.
Le Gréco l’a peint sur son œuvre magistrale,
L’enterrement du comte d’Orgaz, bel emblème
Du mouvement des idées que le monde sème,
Mais autant de notre hiératisme bohème.
Parmi les Tolédans, Don Quichotte, où es-tu?
Le poème se termine, il aura vécu!
Disparais dans le deuil serein de mes parents.
Que les semis de l’oubli deviennent un torrent!
Qui me libèreront des épreuves effeuillées.
Sur le pont d’Alcantara, tant émerveillé,
Libéré, je t’admire ma tendre Tolède.
T’avoir vu de nouveau a été un remède.
Je suis un arlequin éperdu de tes rues,
Ma vive folie de tes splendeurs s’est accrue.