Ponctuation, mon amante fidèle
Tu es, je vis,
Tu t’envoles, je survis,
Tu disparais, je m’ensevelis.
Tu es mon amante fidèle;
Au fil des mots, tu m’ensorcelles.
Ta place, à mes émotions vives, est vermeille.
Des murmures tristes du passé, la virgule fait barrage,
Les vannes s’ouvrent alors et coule à flots ma rage,
Je me pose, je m’intériorise et je m’encourage,
Pour aller vibrer devant les mots suivants, écouter leur arbitrage.
Chère virgule, j’écoute la pluie, le soleil aussi des mots qui te précèdent,
Ils sont comme des grappes juteuses de la treille qui cèdent
Devant le désir du vigneron d’en faire un vin des Dieux,
Dont aucun point ou point-virgule n’effacera le destin glorieux.
Le point virgule, ma tendre amie, tu te fais rare,
Toujours, tu es là, pour calmer les controverses du cœur,
Créant une juste harmonie entre deux jardins de mots, en fanfare,
Chantant l’avant et l’après des idées avec tant d’ardeur.
Et toi, le point, qui nous laisse penser la fin des mots et que le terme arrive,
Doit-on rester de ce côté-ci ou passer sur l’autre rive.
Mon esprit est déjà tourné vers un nouveau départ,
Ma jeunesse enfuie, je cours sur de nouveaux remparts.
Et comment oublier le point d’exclamation dont j’abuse tant.
Sans doute parce que je suis demeuré un grand enfant,
S’étonnant de tout et de rien, pétri d’imaginaire,
Désireux de conquérir les images et la musique des mots stellaires.
Mettons un point, non, un point-virgule à tout cela,
Terminons notre chemin de ponctuation sous le ravinala,
Et concluons, surpris, interloqué, par le point d’interrogation.
Pourquoi l’oublierai-je celui là? A son sujet, je me pose tant de questions.
Pourquoi ? Parce que les pourquoi sont le plus souvent insolubles,
Je préfère les comment aux réponses fondées indissolubles.
Tu es, je vis,
Tu t’envoles, je survis,
Tu disparais, je m’ensevelis.
Je suis ton serviteur fidèle;
Au fil des mots, à toi, je m’attèle.