Quarante ans de mariage, quelle aventure !
Ma soeur aînée et mon beau frère fêtent demain leur quarantième anniversaire de mariage et cette belle aventure m'a inspiré les vers libres suivants :
La commune de Nancy pour nous Bourguignons
A fait de nous, nobles gens, des êtres grognons.
Notre duc bien aimé Charles y est décédé,
Mais il me faut bien ici vous le concéder,
Avoir Michel comme parent a fait céder
Ma rage contre cette ville bien ancrée.
Mais diantre, malgré cette fortune bien prise,
Je fus longtemps étonné de voir ces deux âmes éprises
Mais rassurez-vous, mon adhésion leur est acquise
A ce lien sacré qui les unit, sans aucune méprise.
Racontons cependant en quelques vers ces deux êtres contrastés
Qui pourtant furent très liés dans leurs destinées.
Remémorons-nous leurs tout-premiers rendez-vous,
C’est le mariage de Manie qui se présente à nous.
J’y étais et vous pouvez me croire, j’ai tout vu !
Perrine, ce soir-là, de Bourgogne était la duchesse
La splendeur de la soirée la couvrait de ses caresses.
Il était là à mener la bataille, le frais émoulu !
Et quelle bataille mes amis à vouloir conquérir les sens de ma sœur,
Il lui fallut beaucoup de bon sens ; en être hardi, il le fit avec ardeur.
Tel un guépard, je le vis élégamment prêt à fondre sur sa proie,
Espérant ouvrir son avenir à mille joies.
Un choc ainsi mené, notre duc Charles eût gagné la ville de Nancy assurément.
Ce soir-là, nul doute, l’amour triompha vaillamment.
Cette conquête dut certainement appeler d’autres escarmouches
Que je n’aie point vues mais dont le destin fut que l’amour fit mouche.
Je prends quelques raccourcis pour en arriver à leur mariage.
A la réciprocité et à la hardiesse, s’ajoute le paradoxe dans leurs bagages.
Alors que beaucoup se marient en été, eux se marient en hiver,
Un hiver qui est un été pour un nouveau printemps de vie comme bannière.
A se confondre dans les saisons,
Ils vous en font perdre la raison !
Que voulez-vous comprendre à cela ?
Moi je cherche encore au milieu de leurs tra la là !
Et ce fut un mariage très coloré, dont le destin fut peut-être qu’en être déjà bateleur,
Michel commença à lui en faire voir de toutes les couleurs.
Nul doute qu’il s’agissait d’abord de couleurs d’amour et de tendresse,
Puisque très vite arrivèrent de charmants enfants, après trois grossesses.
Je crois que leur mariage fut le triomphe facile
De l’espoir sur la raison qui leur fut fertile.
Mais d’aventures en aventures,
De toutes ces couleurs qu’en devint la facture ?
Mais voyons, leur vie évolua haute en couleurs !
D’autres preuves viennent éclairer leurs caractères ensorceleurs.
Cela fait quarante années que leurs fatums ne font plus qu’un
Même s’ils sont encore deux sur ce chemin
A vouloir se chercher ou se suivre l’un l’autre,
Mais Grand Dieu lequel suit l’autre, l’un ou l’autre ?
Suivez l’un, il vous conduit à l’autre,
Suivez l’autre, il poursuit peut-être l’un, reste à savoir qui est l’autre ?
De tout cela, il vous faut bien retenir qu’après leur mariage
Ces deux-là n’arrêtent pas de se trouver et de s’apprécier après quelques ajustages.
Ici et maintenant, une question m’interpelle encore,
Leur amour fut-il physique ou chimique d’abord.
Je crois qu’il commença dans la physique et se poursuivit dans la chimie ;
Admettez avec moi qu’entre ces deux-là il y a bien une alchimie.
Ah 40 ans, on parle de noces d’émeraude,
Tout ce temps vécus avec succès ne s’est pas fait à la billebaude.
Ces deux-là avancent encore et toujours dans les couleurs profondes.
Ils savent toujours s’annoncer leurs couleurs fécondes
Et beaucoup de leurs proches en profitent ainsi à la ronde.
En fait, leur relation est un grand vin qui se bonifie avec l’âge.
Ils savent le boire, je crois, en demeurant sages
Pour lui éviter de tourner au vinaigre
Et que leur marivaudage ne devienne très aigre.
In fine, que vois-je depuis ma fenêtre de petit frère,
Qui a souvent apprécié les élans de leurs caractères.
D’un couple atypique, je les vis devenir soudés,
L’un en être débridé, l’autre sachant s’en accommoder.
Mais leur couple s’installa dans le fusionnel et la solidité
Même si leur histoire demeurait, à mes yeux, insensée.
Je crois que leur parcours de vie est une folie commise à deux
Et que l’union de leurs esprits triomphent du tout facétieux.
Main dans la main, les yeux dans les yeux
Perdus dans les cieux et en mille actions,
Ils ont vécu ce beau rêve du bonheur sans conditions.
Ils ont connu, sans doute, milles joies, et quelques soucis
Que l’amour vrai et partagé a bien adouci.
Vous êtes donc restés mariés 40 ans, c’est un acte assimilable à une œuvre d’art !
A la beauté d’une œuvre d’art, on espère toujours lui trouver des raisons remparts
Mais sans vraiment découvrir de justes arguments brocards
On finit toujours par se résoudre à la deviner belle,
Voilà ce qu’est la relation de ces deux-là, dans leur caravelle.
Leur amour vit dans les rayons et dans les flammes,
Créant un lien indéfectible entre leurs deux âmes.
Je crois qu’ils ne peuvent pas vivre séparément ;
L’énergie des jours et la paix des soirs en sont le ferment.
Leur parcours de vie mérite bien un mausolée ;
Sans sa présence, nous eussions été désolés.
Leur mariage était assurément leur destinée
Que la providence a cependant quelque peu mâtiné.
Mais de fils en aiguilles, parfois un peu piquantes,
De ces quarante ans, que faut-il retenir comme morales charmantes.
Pour réussir un mariage en des temps immarcescibles,
Il ne faut pas hésiter à réunir des êtres semblant incompatibles.
Leur mariage, ma foi, c’est une greffe qui a bien pris,
La preuve en est qu’ils demeurent encore épris.