Les rideaux des maintes pièces de mon enfance Qu’il fallait tirer chaque soir avec constance, Je préférais toujours tirer ma révérence, Tant ils s’imposaient à moi avec arrogance.
Les rideaux des exhibitions de ma jeunesse, Ceux là, j’aurais tant aimé les tirer moi-même, Que pour le public leur clôture soit un drame. Etre l’artiste que l’on applaudit sans cesse.
Les rideaux de mes premiers émois amoureux Que je désirais soulever avec désir, Qui laisseraient l’être espéré, aimé, heureux, Alors que le seul espoir en levait les coins.
Le rideau de ma vie aux mille et un besoins, Celui-là, je ne veux pas le voir déguerpir, J’ai tant à tirer de la vie, toujours, encore ! Prends ton temps cher rideau, reste dans mon décor ! Et profite des fruits savoureux de la vigne. Surtout ne me guette pas, je te ferai signe.
Comme l’écrit Montaigne, je veux vivre à-propos, Sans devoir sûrement tirer aucun rideau, Et croyez vous qu’ainsi je peux être dispos, A conduire ma vie sans l’ombre d’un rideau. Oui ! car ils ne sont pas pour moi de durs fardeaux.
Allons cessons cette hantise des rideaux, Je vous tire mon amicale révérence, Et je m’en retourne au rideau de mon enfance, Afin d’en être éternellement le serdeau.