Un homme qui doutait de lui en permanence, Désirant traiter son mal être en conséquence Se retirait avec insistance du monde Pour y traiter en vain sa souffrance profonde. La poésie était pour lui un vrai refuge Jusqu’à devoir être parfois un subterfuge. Ses tout premiers poèmes, il les gardait pour lui, Sans vouloir être de Narcisse l’icelui. Il voulait vivre un rêve au gré de quelques vers Pour connaître une quiétude dans son univers. Il voulait en quelques mots se sentir moins seul Et en faire de ses émotions le linceul. A cheval sur les mots, au trot, au grand galop, Il chevauchait leur éternité à grand sauts. Il se cachait parfois dans des rimes faciles Parce qu’ils ne dénichaient pas les mots habiles, Utiles à l’envol de ses souffrances prégnantes. Il n’avait que le doux désir de parcourir La musique, le bonheur des mots, les chérir, Et vivre intensément leurs actions bienfaisantes. Un ermite eut raison de sa timidité Et le poussa à sortir de l’intimité. En Narcisse, il ne souhaitait pas se confiner, Mais seulement, au milieu d’amis, progresser. Se croit-il ainsi devenir un grand poète ? Nenni, mon ami ! Seulement être en résilience A l’écoute d’un merci, sans désir d’audience, Espérant un gentil conseil, avec sapience. Faut-il donc qu’il n’écrive plus comme poète Parce que de cet art il n’est pas un esthète! Il en est mon ami un serviteur fidèle Qu’il faut vraiment compter parmi sa parentèle. La poésie, mon ami, en elle et pour elle Aime les erreurs, le doute, les souvenirs. Ils sont les piliers de la poésie à venir. Pensez-vous qu’il soit aisé de se passer d’elle? Ne cherchez pas à bien corriger les erreurs, On y perdrait la poésie, avec horreur.