D’un ami, louer ses erreurs c’est l’honorer Les blâmer assurément, c’est le torturer. Un homme dans son bel âge vivant en Touraine Et aimant bien les vers voire les turlutaines, Fut blâmé par un persiffleur venu d’ailleurs, Amoureux du vin et, à ses heures, ripailleur, Et par un canard nous éloignant du vilain Qui, des défis, est l’un des premiers chapelains. Eh l’ami dirent-ils ! Pourquoi nous faire cela, Nous priver ainsi de ce repas de l’esprit. Holà ! De l’éloignement de l’esprit, de cette poisse, Nous t’en prions, éloigne de nous cette angoisse, Reviens auprès de nous tous en être fougueux, Nous proposer des vers, des défis fructueux. Cet homme qui sait être coquin à ses heures Leur répondit très amusé : à la bonne heure, Soyez patients, vous l’aurez donc après minuit. Avant le chant du coq, vous en serez instruit. C’est bien, mais s’il se mettait à chanter trois fois S’écria l’un des persifleurs, vraiment pantois. Vous pourriez alors avoir de moi plus d’audace Dans un défi au contenu bien plus coriace. Alors un seul chant suffira à notre attente Qui comblera dans les défis la foi fervente, Ajouta l’autre espiègle en manque d’addiction. L’un et l’autre reconnurent, avec convictions, Que la fidélité à une œuvre commune Même après une anicroche si inopportune, Réveillait l’appétence pour de beaux écrits Desquels tout orgueil et tout dédain sont proscrits. Alors nos trois compères crièrent tous en chœur : Tant se fâcher, blâmer sont des élans du cœur Qui sont le présage d’un très bel appétit Pour tous nos partages et bien sûr, nos défis.