Un lion habitué de la pratique du chant S’ouvrit auprès de Jupiter, au ciel couchant, De son désir d’arrêter, en toute saison, Cet art qu’il avait su apprécier à foison.
Oh Grand Dieu, disait-il, ce n’est pas sans raison Que je veux quitter cette noble garnison. Le chant que vous avez tant fait grandir en moi, Je ne le vois plus s’épanouir en émois. Je me plains et je suis attristé, je murmure Que je ne veux plus être de cette nature. D’autres dieux produisent des sons si éclatants Que d’eux tous je me trouve assurément distant.
Jupiter lui répondit avec bienveillance : Pourquoi des autres t’étonner de leur aisance, Alors que tu sais, en maintes fois, du rossignol, Avoir les atouts musicaux dans son envol. Enfin, voyons, tu dis ne plus vouloir chanter Alors que par tes seuls défauts tu es hanté. Tous les dieux chanteurs ont sûrement des défauts Que certains assument bien dans tous leurs assauts. Asclépios me disait encore qu’à tout âge rien vraiment n’arrête le bel apprentissage.
Crois-moi, tes joies et tes peines ont besoin des chants. Demeure donc parmi nous comme un grand enfant, Qui, au milieu des dieux chanteurs, fera éclore Les beaux sons partagés et l’amitié, encore. Sûrement, on n’arrête pas l’homme qui chante, Alors honore cette envie si dévorante.