Un patissier révélé
Aucun destin n’est bonnement déterminé.
Les épreuves de la vie peuvent dessiner
Un avenir différent digne d’un trésor,
Faisant de nos actions une cascade d’or.
Il était une fois un jeune bourguignon.
Des doutes humains, il était le compagnon.
Quel sera donc mon avenir se disait-il,
Soumis à bien des atermoiements volatils ?
Un jour, vint à lui le philosophe Héraclite
Qui le fit venir dans sa cuisine insolite.
Crois-moi, les Dieux sont dans ce lieu très familier,
Ils y pensent, ils y créent un monde réconcilié
Où les mets préparés, savoureux et bénits,
Interpellent autant notre corps que notre esprit.
A te croire, mon destin est dans les cuisines
Lui dit le jeune homme, avec une humeur chagrine.
Je le crois lui répond vraiment le philosophe,
Certes, tu peux penser qu’ainsi je t’apostrophe
Mais tu aimes les arts, les sciences, la création,
Alors, pour résoudre cette belle équation,
Livre-toi dans mes cuisines à cette passion.
Tu partageras avec tous tes invités
Tes désirs, tes plaisirs, lors de festivités.
Après m’être distrait au four et au moulin,
Ne sachant pas comment agir chaque matin,
Tu veux que le petit bout de chou que je suis
Vive intensément en faisant des mets exquis.
C’est cela, tu m’as compris, lui dit le grand homme
Deviens un être chou, un gentilhomme en somme,
Qui pourrait ravir, subjuguer notre palais.
Je te vois bien nous faire des choux à jamais.
Leur bombement harmonieux est celui d’un sein
Qui offre en notre cœur un amour si serein.
Je les vois se parer de saveurs opulentes
Ouvrant mes sens à des émotions si présentes.
Oh mais dis moi, lui dit le jeune homme, plus heureux,
Tes mots m’enivrent bien plus que des vins liquoreux.
Je vais m’abandonner à la gastronomie,
La cuisine deviendra mon académie !
De cette fable que faut-il en retenir
Après votre étonnement d’avoir vu Héraclite
Nous rendre en ces vers une petite visite ?
Eh bien ! Etre en cuisine est un bel avenir,
Où se marient tant l’élégance et le bon goût.
Mais en ce lieu de grâce et de magie surtout,
S’éloigneront de vous, les ennuis, les soucis.
Si vous laissez de côté les a priori,
S’ouvriront alors des plaisirs inassouvis.