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Jacques HOSOTTE

Vais-je vous sonner les cloches ?

Enfant, dans mon école, j’ai sonné la cloche
Pour clôturer la fin des cours, sans anicroche.
Et jamais personne ne m’en fit le reproche,
Car nous pouvions alors jouer comme des mioches.

Vous comprenez ma belle passion pour les cloches.
Pour tous ses éléments, j’ai vraiment de l’accroche,
Mais avec elles, il y a des choses qui clochent,
Mais la magie vient comme une anguille sous roche.

Une vie sans cloche est comme un arbre sans fruits.
De toutes leurs saveurs il faut être bien instruit.
Pour qu’elle vibre, le battant doit être bon,
Si l’on veut que notre amie donne de beaux sons.

Oh, une cloche peut bien parfois vous rendre sourd.
Mais de ses mélodies, on ne peut rester gourd.
Je les aime tant car elles donnent de la voix
En do, en sol, en la, appelant mille joies.

Elle s’ébranlent, elles vibrent sous le souffle du vent.
De leurs timbres colorés, je suis fervent.
Belles cloches, vous chantez nos nuits et nos jours.
De vos envolées, nous sommes les troubadours.

Notre existence féconde devient sonore,
Mille et une émotions en moi, vous faites éclore.
Votre voix si claire est la rosée du matin
Qui me pousse parfois à vouloir être mutin.

En vous, je vois la cavalier dans la prairie
Venant m’annoncer, de son battant aguerri,
Les milles grâces d’une nouvelle chérie,
Faisant germer en moi des pensées fleuries.

Lorsque j’’entends le son de vos voix, à l’aurore,
Je crois entendre la voix de ma mère, encore.
Vous apaisez en moi les troubles étouffants
Et je peux ainsi demeurer un grand enfant.

Sonnez le jour, sonnez la nuit, sonnez toute heure
Que vos parfums embaument toutes nos demeures.
Sonnez toujours, sonnez encore nos émotions,
Que votre musique enchante mon horizon.

Quand viendra pour moi l’heure de la mise en bière
Pour qu’il ne reste plus de moi que des poussières,
Je veux qu’elles sonnent pour réveiller les vivants,
Et faire de moi parmi eux un survivant.

SI après cela vous n’adorez pas les cloches,
Je vais finir par vous faire quelques reproches,
A moins que vous ne soyez vous-même une cloche !