Mère de toutes les mers Mer civilisée, sanctifiée Mer Méditerranée Née pour être aimée Mer d’Ulysse et d’Orphée De Virgile et d’Homère Mer de tant d’odyssées Ce matin, la Méditerranée vomit des cadavres à peau sombre Des naufragés plus fragiles Que les esquifs sur lesquels ils se sont entassés La mer devait les sauver La mer les a noyés Ils dérivent, dispersés au gré des courants On les repêche par bateaux entiers Gonflés comme des baudruches A moitié dévorés Le cimetière marin n’a plus de frontière C’est une immensité où flotte l’abandon Les rescapés sont repoussés Interdit d’accoster Loin de nous ces étrangers Plus aucune étoile de mer ne brille en Méditerranée