Elle avait cousu sur sa manche « Yellow je suis cette inconnue » Cette étoile jaune à six branches Avec la mort gravée dessus Derrière la porte du stalag Comme un oiseau tombé du nid Son cœur bleu battait la chamade Elle m’en donna le contenu En me serrant pour mieux m’apprendre Le bonheur qu’elle n’éprouvait plus Moi je caressais sans comprendre Ce qui restait de ses cheveux Alors j’ai vu son tatouage Son numéro pour le voyage Dix mille six cent soixante deux Elle avait cousu sur sa manche « Yellow je suis cette inconnue » Cette étoile jaune à six branches Je l’ai gardée comme un offrande Cachée dans le creux de mon poing Porte du paradis perdu Elle est arrivée toute nue Entre barbelés et brouillards Le chemin de la chambre à gaz Ne croise pas celui de dieu Dans la fumée du crématoire Ce qui restait de moi en elle En un instant s’est envolé Vers un ciel qui sentait la cendre Par un conduit de cheminée Avec le sel de ses larmes Peu à peu j’ai fondu la glace Qui recouvrait l’eau d’une flaque Pour en faire le dernier miroir De son visage disparu Derrière la porte du stalag Il ne reste rien de nous deux Mais ses bras blancs comme une alliance Ont fait le tour de mon enfance D’où je ne suis pas revenu