Dans la chambre vidée de toute sa substance Par l’écho de ma voix c’est ta voix que j’entends Couché dessus le lit je vois l’ombre qui danse La forme de ton sein sur le mur me détend
Depuis huit jours déjà nous vivons séparés J’ai fait ma religion de tous mes souvenirs Mais les couleurs du jour me semblent déparées Quand tu n’es près de moi afin de les unir
Ces vers que je t’envoie sont mon acte de foi Sans cesse répété pour ne pas oublier Que tu me reviendras pour la première fois Lors je recouvrerai mémoire dépliée
Quelques fois je regarde les photos couleurs Où pour moi tu posais allongée sur la plage Devant ta nudité j’oublie de compter l’heure Même mon sang ne veut plus mesurer mon âge
C’est dur de vivre sans l’explication du monde Car cette ombre à tes pieds qui tourne autour de toi Qui te suit où tu ailles sur terre ou sur l’onde C’est un peu de mon ombre qui toujours te boit
Sais tu ce que serait la terre sans soleil Et tous ces astres qui baignent dans sa clarté Ô combien j’aurais froid si soudain les abeilles Tout autour de la ruche ne venaient chanter
Ce principe vital cette première pierre A l’élaboration de toute ma raison Il n’y aurait vraiment pour moi plus rien à faire Si ce la décidait de quitter la chanson
Ce serait à nouveau la chute originelle Où l’homme le premier tout seul se retrouva Ne comprenant plus rien à l’immense poubelle Que devint brusquement la terre où il erra
Il se surprit alors à prier la matière De ne point le laisser dans cette solitude Le monde inanimé entendit sa prière La femme répondit à sa sollicitude
Aussi ce soir je prie ce papier de m’entendre Je ne demande rien d’autre que la présence De celle qui me fait chaque jour mieux comprendre Qu’en ce monde sans elle je ne suis qu’absence