A force de courir vers ce point qui te fuit Tu es tenté parfois de céder à l’ennui Tant que ton objectif s’enfuira de tes mains Tu trouveras raison de marcher vers demain
Tu n’auras pas fini cette œuvre de ta vie A quoi bon commencer si rien ne finit Pourrait-il s’achever le plus beau des ouvrages Sans besoin de la somme infinie de nos âges
L’immensité des cieux n’est pas à ta mesure Pour devenir géant tu crées des artéfacts Disant que si tu pars reste ta signature
Sur tes chemins prévus toujours rochers se dressent Quoi d’autre que l’erreur sais-tu de plus exact Pour ta pierre poser le hasard seul te presse
II
Le soir ton cœur disait Je suis là Où es-tu J’étais là assis seul de ma vie mécontent Et dans le souvenir des moments qui sont tus Tu vois se dessiner l’avenir qui t’attend
Ces longs espaces te font peur tu fuis devant Le soleil est trop chaud et le ciel est trop bleu Tu dis souvent que c’était mieux au temps d’avant Quand tu ne savais rien et quand tu pouvais peu
Lors tu vivais enfant primate ami du chien Tu subissais l’histoire sans rien en savoir Tu ignorais le mal tout autant que le bien
Puis un jour ton esprit s’éclaircit de mémoire Ton œil debout tenait les deux bouts de l’espoir Même en désert tu sais trouver source pour boire.
III
Mais qui me guidera pour me tenir dressé Le nez dans les étoiles les pieds dans la boue À vouloir m’envoler seul je me suis blessé Pourtant le vent des cimes coulait sur ma joue
Et quand je suis trop las il me faut du secours Je sais bien que de l’eau je peux faire du vin Je sais bien ne jamais trouver autre recours Que dans la multiplication de mes deux mains
Alors j’attends j’attends que s’en vienne vers moi L’ange que je serai étranger qui me guette Car il est là patient qui au miroir me voit
Vers lui venir toujours dans l’eau du temps distant Et bien que de nous deux je demeure la bête Qu’enfin de notre identité vienne l’instant.