Dites moi la couleur des bois d’hier perdus Au temps où la vesprée donnait sa joie aux branches La canopée tendait sa sylve chevelure Quand la danse des troncs insouciants d’allure À la Terre sculptait la grâce de la hanche Ne serait-ce déjà une utopie perdue
Dites moi la chanson que fredonnent les airs Qui sur nuages volent sur pieds de pluie dansent La musique à laquelle toute sève aspire Quand vibre l’atmosphère au soleil du désir Quand scintillent la nuit en mirifique transe Les notes flagellées des cymbales stellaires
Dites moi la puissance des monts de leur vague Arrêtée sous les pieds des prairies des rochers Des glaciers des fureurs inertes et paisibles Car la peau minérale est aussi extensible Qu’importent les abcès par puces déclenchés La couronne des rocs les tient en même bague
Dites moi les senteurs de ces étés légers Dont le bleu transparent ouvre à l’œil l’infini Profonde immensité peuplées des avenirs Avant que dans l’hiver ne résonne son rire Que de saison ne claque porte du déni Que le parfum des jours ne s’en trouve abrégé
Dites moi d’éléments la pulpe sous la paume La caresse donnée par l’algue à la pieuvre Par la lave au basalte et la neige au ruisseau Le geste de douceur lève unique boisseau De pastels étrangers qui jamais ne désoeuvrent Et l’ensemble se serre et sonne même psaume
Dites moi ces excès que je ne verrai plus Quand les yeux se seront finalement fermés Sur tout cela qui fit ce trop vaste berceau Du vibrion neutron à l’arche du verseau Quand le singe en aura terminé de germer Éplore mon ami ce ciel qui t’aurait plu.