Les livres sont mes compagnons, silencieux Comme des chats qui me veillent. Je n’ai besoin de me tourner vers les cieux ; Aux murs, comme grappe à treille,
Suspendus, ils délimitent l’infini.
Je leur parle et me répond Le silence sage et profond de la pierre, Celui qui vient du tréfonds Des âges, ultime et première prière.
Certains me diront que c’est là chose ancienne Qui ce jour d’hui n’a plus lieu. Les livres sont mes compagnons, et que vienne, Couvert de nouveau, ce vieux,
Ce vieux moderne qui traverse les temps, Qui change ses oripeaux, Bien après avoir traversé les étangs, Et qu’à l’air brille sa peau,
Sa peau neuve de serpent après la mue.
Je leur dirai de respirer la musique Du temps, de celui qui dure Tandis que nous passons… Qu’importe la clique Qui reste sourde au murmure.
Le livre est mon compagnon, à mes questions Il répond, non par réponse, Par toutes les questions que tous ces espions D’avant, par leurs mots, énoncent.
De l’insoupçonnable alpha à l’improbable Oméga, se dresse alors L’historique arche dont le présent est fable, En sein duquel je m’endors.
Un soir, j’endormirai mon front, sur le seing De la page non lue de mon vieux compaing.