Voici maintes saisons enfuies à te chercher, Les neiges suie sont devenues et les printemps sont émoussés L’Août brûlera le sable vain. Combien de feuilles rousses reste-t-il pour encroiser la Fuite d’une étoile ? Combien d’arbres sacrifiés au feu de noms devenus cendres ? Combien d’arbres sacrifiés au gel d’un idéal désir chaque Jour plus restreint ? Du brasier initial reste une braise vive, J’ai déjà trop brûlé de feuillets la blancheur… Mon cœur ne saura plus offrir de page vierge, Pourtant, sans que soit su le lieu d’inséminence, Du roc ancien jaillit la source jouvencelle. Tant que tu battras, mon cœur ! Tant que tu battras, Le sauras-tu pour quoi ? Le sauras-tu pour qui ? Aplatir sur le plan du papier l’ignorance de ton espoir Avoue le vortex abyssal qui te précède, De ce qui trop vif t’échappa, la rigidité minérale. Pourrai-je dire un jour, à l’aube de ma nuit, La plénitude et la douceur de ce frémir définitif Qui bourgeonne et s’éclôt dans le silence d’un baiser ? D’un enfant, d’un rêveur, qui n’eût temps de grandir, Reçois, Azur ! sur la portée du vent, Ce dessin d’eau, dessein sans fin, graphe indicible, Ce mot que je n’aurai ni dessiné ni dit : Cette couronne de mes lèvres qui t’attendent.