Comme Obélix tu es tombé dedans petit Ta force est celle de la langue et de l’esprit Je me souviens de ce jeune homme que tu fus Mince et long et de ton regard vif à l’affût
Bien souvent j’eus l’envie de m’en venir vers toi Mais je n’osais car tu étais distant et froid Bien qu’à la fois ce garçon simple et sympathique Mon âme n’avait ton pli aristocratique
Un jour je t’apportai dans ta chambre des livres Concentré tu bossais quêtant ce qui délivre Messager importun je craignis déranger Tu me remercias on resta étranger
Ce fut l’ultime fois que mes yeux te croisèrent Aujourd’hui tu navigues dessus les enfers Ta parole impassible désigne aux plus grands L’art de mener la paix malgré conflits flagrants
Par origine et par chemin nous ne pouvons Nous situer au même bord mais nous savons Qu’étiquette n’est pas signe de dépendance Que voies diverses mènent à la convergence
Et que si les traverses de nos deux enfances Ne sont pas dénuées d’obligée cohérence Nous rêvons de ces mots qui sur les astres dansent Tandis que tu défends ton idée de la France
Nous avions dix sept ans dans ce même collège Toi l’élève brillant couvert de florilèges Moi le médiocre empli d’éternelle colère Lequel de nous aura su quoi de sa vie faire.