Souvenez-vous Madame ! Rien n'est perdu encor, De la rose donnée en ce printemps propice A peine eut-elle l'âge de ce nouveau décor Que vous l'usiez ouverte et offerte comme un lys. Souvenez-vous toujours, ce doigt que vous piquâtes A l'épine débordante de sa tige de verre Le mal vous eût pris, et le bouche béate Vous fûtes transformés en une statue de pierre. Souvenez-vous encor, qu'arrivant un matin Après de longues années d'attente solitaire Celui qui d'un baiser au creux de votre main Vous sauva un beau jour d'une mort salutaire. Et quand vous redonnâtes pour la seconde fois Cette rose fanée comme remerciement, Les pédales tombèrent près de l'homme pantois Devant une jeunesse apportée par le vent. Souvenez-vous Madame ! C'était il y a longtemps, Un pays ou des contes, Perrault était le Roi, L'époque a bien changée, mais reste le serment Que vous me fîtes alors pour la première fois.