À mes frères d’ignorance, Petits ou grands, Connus, inconnus, Obscurs ou nimbés Des fausses lumières De quelque renommée, Inquiets, Brûlants ou circonspects, Tous mus Par une force nue Venue anonyme D’une nuit intérieure Et cruelle, à mes frères d’ignorance, Passeurs, orpailleurs Ou souffleurs de silence, Ancrés au port Ou nostalgiques d’un ailleurs Mais conscients que tout toujours Est à recommencer Sur cette terre Où plus on cherche Plus s’avance le mystère, à mes frères d’ignorance, Qui, vivants, le presse Et l’implore, Ou morts, l’ont emporté Sous la terre, à mes frères d’ignorance, La beauté, le verbe et la cendre : Voyez, je tremble de tous mes mots, L’amour est en feu Dans mon poème qui commence…