Je vous le dis tout net : Ils m’ont fait peur… Jusque là je les fréquentais benoîtement Avec toute la mansuétude dont je suis capable. Mais soudainement, Ils me sont apparus dans toute leur hideur, Tout ridés, tout variqueux et claudiquant Mais forts de leurs vérités bien partagés, Tout claquemurés dans des mille-feuilles De simulacres, de journées compulsives et potinières. Car ces croquemitaines, ces assécheurs de puits Ont l’été des rêves de fourmis, Des reflux grégaires qui les jettent en bande Sur les routes et les chemins. Il faut les voir monter en hordes A l’assaut du littoral… Ces bas transformistes, ces obligés de la transmutation, En moins de deux vous changent Marine en marigot, marin en maringouin Et tout à l’avenant. A vous flanquer des amertumes dans le sang, A vous dégoûter de l’azur et de la mer. D’ailleurs la mer, elle a l’air d’en prendre ombrage ; Elle se dépoissonne la mer, Elle se désenchante, Ne crachant sur le sable que des salves morveuses. Et je parie un tsunami que le pire est à venir. Car ces ouailles ont des pasteurs délétères, Des mercantis, de l’urne au râtelier Grands faiseurs de files moutonnières, Prêts à tout sacrifier à leur saint-frusquin. A moins que les bellicistes, Autre espèce de nuisibles qui se confond Parfois avec la première, Ne les prennent de vitesse dans cette course Au chamboule-tout planétaire.